14 mai : libération
« Chers Parents, Nous vous accueillerons le jeudi 14 mai de 8h20 à 8h30, au niveau du portail vert, dans l’enceinte de l’école. Merci de ne pas arriver en avance pour éviter un regroupement sur le trottoir ». Arriver en avance. Si d’ordinaire, je suis bien à l’abri d’une chose, c’est de celle-là. Pourtant en ce matin de reprise, à 8h20 le Rat et moi dévalions déjà la rue. D’habitude, à cette heure-ci nous n’en sommes même pas à mettre les chaussures. À croire que nous étions l’un et l’autre pressés de reprendre le chemin de l’école. Lui pour retrouver ses potes, moi un semblant de liberté…
BACK TO SCHOOL
Voilà quelques temps que je me dis : c’est bientôt la reprise, faut arrêter les conneries : nous devons impérativement diner plus tôt, coucher les lardons plus tôt (et donc, commencer l’apéro plus tôt). Sauf que les bonnes résolutions de mai sont les mêmes que celles de janvier. On y pense, on y croit, mais même avec toute la bonne volonté éphémère du monde, on n’y arrive pas.
Du coup, hier, veille de rentrée, à 20h20 j’attaquais mon verre de côtes du Rhône, mon Rat boulottait des chips devant la télé, son père s’ouvrait une déspé. Bref, c’était mal engagé. Sans surprise, on a couché l’enfant bien plus tard que prévu et sans surprise ce matin, quand je suis allée le réveiller, j’ai été accueillie par un : « Quoi ? C’est déjà l’heure de se lever ? J’ai l’impression d’avoir dormi 5 minutes ! ». Dans les faits ce n’était pas tout à fait le cas mais c’est sûr que ça n’avait pas dû être la nuit de sommeil la plus réparatrice du monde.
Étonnamment, tout s’est pourtant parfaitement enchainé : habillage, petit dej, brossage de dents, préparation du sac : NICKEL. C’est ce que l’on doit appeler la chance du débutant. Ça me fait toujours ça quand je reprends le footing après quelques temps d’arrêt. Le premier run est toujours hyper fastoche : le souffle, les muscles, tout bien, comme si tu n’avais jamais arrêté de courir. Forcément, ça engage à reprendre la confiance et à y retourner le lendemain. Sauf qu’à la deuxième sortie, tu morfles comme jamais et tu as l’impression d’avoir passé les deux dernières semaines à fumer comme Jeanne Moreau. Aussi, je préfère attendre demain avant de crier victoire quant à une reprise successfull du rythme de l’école.
LE BÂT BLESSE
De toute manière, ça va se corser. Arrive bientôt l’heure de la rentrée de nos collégiens. Quand il va falloir prendre la voiture, emprunter le périph pour être à 7h50 dans le 8e (parce qu’on va quand même éviter les transports en commun) et faire chemin inverse à 18h, on va se marrer!
La bonne nouvelle, c’est qu’on y va quand même mollo mollo pour la reprise. À raison de jours par semaine, on est loin de la vitesse de croisière. Mais ça reste un casse-tête quand même.
Déjà, parce que deux jours, ça signifie qu’il en reste encore trois à jouer la maitresse le matin et à galérer pour se caler deux heures de taf l’après-midi (au delà de ce temps là, tu retrouves tes enfants en sang et ta maison ressemble à un champ de bataille). Ensuite, parce qu’à quatre jours de la « rentrée » du collège, on ne sait toujours pas quels sont ceux où nous devrons nous y rendre. Je vous laisse imaginer qu’avec notre chance légendaire, il est fort probable qu’aucun de nos 3 lardons n’ait cours en même temps. (ca pourrait nous simplifier la vie nous permettre de bosser). Ainsi, comme beaucoup depuis le 17 mars dernier, j’envisage sérieusement une reconversion professionnelle. Mère au foyer full time arrivant en tête des possibilités.
BIZARRE BIZARRE
Je râle, je râle, mais même deux jours d’école, moi, je prends ! Surtout que, dans celle du Rat, il y a 44 gosses quand ils sont au complet. Ça limite les risques. Comme en plus, seules les grandes sections reprennent, il n’en reste plus que 15. Comme encore en plus, ces 15 sont répartis sur deux classes et que beaucoup de parents n’ont pas souhaité remettre leurs enfants à l’école, je vous laisse imaginer qu’ils n’étaient pas nombreux à se bousculer au portillon vert à 8h20. Pour autant, le protocole pour 6 enfants est le même que pour 30. Du coup, c’est sûr que la rentrée de ce matin était un peu étrange. Le marquage au sol, le parcours jusqu’à l’entrée de la salle, les jeux d’extérieur barricadés, le masque pour la maitresse (qui n’y voyait plus rien à cause de la buée sur ses lunettes). On a connu plus accueillant. Pour autant, ça reste bien moins effrayant que dans certains gros groupes scolaires où les enfants n’auront le droit de sortir dans la cour qu’avec un hula hoop autour de la taille pour veiller au respect de la distanciation physique. Faudra pas s’étonner de constater une recrudescence de majorettes et de joueurs de « air ballon » dans les années à venir…
Illustration : P. BAGIEU
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