Balance tes vacances
On rêvait du pont rouge et des rues pentues de San Francisco. On se voyait déjà balancer du rêve avec nos photos de fous, fortuitement postées sur les réseaux sociaux. On allait évidemment taire les 13 heures de vol atroces avec 3 gosses qui ne ferment pas l’œil en avion, notre envie récurrente de les abandonner à Alcatraz, les sympathiques 14° extérieur, le brouillard à couper au couteau, les hamburgers vegans à 79 $ pièce et le jet lag qu’on allait subir des semaines après notre retour… oui, cet été, on pensait se payer un chouette voyage en famille et balancer du lourd.
LE GRAND DÉBAT FAMILIAL
C’était sans compter la rénovation de la véranda et le ravalement de la façade de la maison. Deux bagatelles qui allaient sérieusement contrarier nos plans. Au vu des comptes, il a fallu se rendre à l’évidence : le budget vacances devait être sacrément revu à la baisse. Parce que nous sommes une famille modèle dans laquelle la démocratie règne (si, si…), un soir, nous avons posé le sujet sur la table : à défaut de San Francisco, où notre progéniture souhaitait-elle passer son été ? On le sait, soulever ce type de problématique, entre la poire et le dessert, c’est aussi suicidaire que de se lancer dans le grand débat national. Soit ça se finit en pugilat, soit c’est complètement stérile. Néanmoins, nous avons voulu, nous aussi, tenter le coup. Mon amoureux et moi avons débuté en émettant l’idée du Portugal. Ferme et immédiate réaction de notre adolescente : pour elle cet été, ce serait l’Espagne, l’Italie ou rien. Et si elle n’avait pas sa chambre pour elle seule, elle ne partirait tout simplement pas avec nous. Deux minutes donc que la conversation était amorcée et je sentais déjà la moutarde me monter au nez. En même temps, je me suis souvenue qu’il n’y a pas si longtemps encore, elle nous demandait si la Belgique était en France, alors je me suis dis qu’il y avait peu de chances pour qu’elle fasse la différence entre l’Espagne et le Portugal. Quant à son envie d’indépendance, on pourrait toujours partir avec une tente 2s dans les valises pour calmer ses ardeurs. Tout était donc sous contrôle. Babin a pris la suite et a lui opté pour je-ne-sais-quelle-ville du monde qui accueillera cet été, la ribambelle des gamers dont il est fan (no way), le Canada (que nous avons fait il y a deux ans) ou Saint Cyr-les-Lecques (où sommes allés à peu près TOUTES les années précédentes !). Next donc. Méo lui s’est prononcé en faveur de Paris (très sympa pour ses plages) ou New York (réputé pour son coût de la vie plus qu’abordable). Au vu des propositions, il était grand temps que mon amoureux et moi reprenions les choses en mains. Nous avons donc recentré le débat. Là où toute la famille s’entendait à peu près, c’était sur le fait qu’il fallait que ce soit en dehors de la France, qu’il y ait du soleil (voire de la grosse canicule) et la mer.
ET VIVA ITALIA… AH NON, C’EST PAS ÇA !
À défaut de faire tourner un globe terrestre et de choisir la destination en fonction de là où notre doigt se poserait, nous nous sommes emparés de la bonne vieille application Easy Jet et avons regardé là où la compagnie orange pourrait nous emmener dans des sommes raisonnables. Et le choix s’est considérablement restreint ! Quand par bonheur les billets d’avion n’étaient pas exorbitants, ce sont les prix les locations qui flambaient. Essaouira mis à part, qui semblait être un parfait compromis. Mais là, j’avoue, très peu pour moi. J’ai usé de mon droit de veto. Après moult recherches ayant fait explosé mon « Temps d’écran » hebdomadaire, nous avons fini par trouver. C’est donc en Sicile, dans la petite ville portuaire d’Aci Castello à quelques kilomètres de Catane que notre famille passera son été. À nous l’Etna, les pizza, les pasta ! Je ne vous cacherai pas, néanmoins, que nous y allons avec un peu d’appréhension, au vu des commentaires glanés sur le web, nous faisant découvrir que c’était la ville la plus chaude de Sicile (pour nous qui voulions la canicule, je crois que nous allons être servis) et le caractère manifestement très « latin » du coin, comme ils disent (comprendre crado à souhait). La Monica que je suis fera de son mieux pour intérioriser au maximum et éviter de pourrir les vacances de tout le monde en pestant toute la sainte journée contre la pollution, les déchets et les merdes de chiens qui risquent de joncher le sol. Je me prépare. Ce qui est bien c’est qu’Ilette aura sa chambre… mais pas le WIFI. Je ne sais d’ailleurs pas si, pour elle, 15 jours de non Snapchat ne sont pas encore pires que de partager ses nuits avec ses frangins… La bonne nouvelle, c’est qu’elle ne le sait pas encore. Je pense que pour la sérénité de tous, elle ne le découvrira qu’une fois sur place, sous nos yeux médusés de découvrir la nouvelle… en même temps qu’elle !
ILLUSTRATION : PÉNÉLOPE BAGIEU.
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