Covid is our new life
« Un élève a été testé positif à la Covid-19 dans la classe de CE1. Il y a suspension de l’accueil de tous les élèves : ils ne seront pas accueillis ce jeudi matin à l’école. »
Qui n’a pas encore reçu ce type de mail habite Mars ou n’est pas parent d’un enfant scolarisé.
Ce n’est la faute de personne (encore moins du pauvre directeur qui utilise toutes les couleurs de l’arc en ciel, abuse des répétitions, use du gras et du mode souligné pour faire comprendre aux parents ce que l’on attend d’eux, alors qu’ils reçoivent l’information à 7H30 ledit jeudi matin et que leur journée est pour ainsi dire fou-tue) mais franchement, ce genre de mail, ça agace…
CHACUN POUR SOI ET DIEU POUR TOUS ?
Ça agace parce que ça met en vrac l’organisation plutôt fragile du moment. Ça agace aussi parce que qu’il va falloir aller à la pharmacie trois fois en 6 jours pour faire tester le gamin. « Mais vous n’avez pas eu d’auto-test ? ». Si. L’homme s’est chargé d’aller en chasser dans toutes les officines de France et de Navarre. Il en est revenu avec 5, que la prêtresse des lieux a d’ailleurs eu bien du mal à lui vendre (« Ah mais monsieur, c’est beaucoup quand même 5 tests. Il faut en laisser pour les autres !». En d’autres termes, pour 5 tests, on te colle dans le même panier que tous ceux qui se ruaient sur les rouleaux de PQ et provisionnait 67 kilos de pates au premier confinement. Sauf que nous sommes une famille de 5. Donc 5 tests (à raison de 2 qui sont déjà pré-réservés par l’enfant cas contact) ça ne me semble pas vraiment déconnant.
ON EST MIEUX SERVI QUE PAR SOI-MÊME
Au delà de la pénurie qui fait rage, il y a un autre problème avec les auto-tests. C’est le terme « auto » qu’il y a dedans. Certains d’entre nous sont peut-être issus de la famille du Blond et réussissent sans peine à engouffrer le coton tige long comme le bras dans les microscopiques narines de leur gosse, mais chez nous, ça ne marche pas comme ça. Au ski comme en temps de COVID, on n’est pas les Blonds. Ici, c’est la guerre quand il s’agit d’auto tester l’enfant de 7 ans. On a beau essayer de dédramatiser le truc, de le rendre fluide, chez nous, ça ne le fait pas. Le gamin hurle avant-même que le coton tige lui frôle le museau. Le père s’énerve, la mère craque et 30 minutes plus tard dans cette ambiance de feu, le bâtonnet est toujours immaculé.
Lundi, 7h30, chez nous, c’est déjà Waterloo.
Comme le petit toussote et que je ne me sens pas de la faire à l’envers à la maitresse (ni aux autres parents qui eux, ont réussi tant bien que mal à auto-tester leurs gosses), je me rends à la pharmacie. Le rat va donc subir son 568e TAG de l’année (pour rappel, on est le 10 janvier). C’est chiant, mais au moins, là bas, il ne bronche pas. Mieux, il est content de voir la dame qui lui donne un bonbon avant de le laisser repartir.
Forcément, toi, entre ton inexpérience en test nasopharyngé et tes menaces de lui arracher les mains s’il continue de gesticuler comme ça, tu ne suscites pas le même enthousiasme.
PATIENCE EST MÈRE DE VERTU
Il est maintenant 8h10. Nous sommes devant la pharmacie. Chance : nous sommes les premiers devant le rideau de fer encore baissé. Arrive 8h20. Nous sommes toujours seuls à attendre alors que d’ordinaire, il y a une file longue comme celle devant Primark en période de soldes. Le doute s’installe… Pour la 108e fois, je vérifie les horaires affichés sur la devanture. C’est bon : dans 10 minutes, le rideau se lèvera et la lumière sera. Par acquis de conscience, je regarde quand même sur le net. Mêmes infos = Soulagement. Tout est sous contrôle. Il faut juste se montrer patient. Sauf que ma patience a déjà été mise à rude épreuve ce matin et que je me sens sur la réserve.
Un monsieur arrive et se cale derrière nous, puis un autre, un 3e … en 5 minutes, ils sont 10 à attendre. Là, je me félicite d’avoir eu le nez de me pointer bien en avance… La boutique ouvre. Je passe en prems : trop bien ! Mais là, l’ordinateur à peine ouvert, plante. Donc il y a tous ces messieurs arrivés après moi qui se ruent vers le 2e guichet et s’inscrivent avant moi. Et puis il y a ces jeunes femmes qui passent devant tout le monde parce qu’elles sont soit disant « prioritaires » (elles doivent être enceintes de 2 semaines et demi, je présume parce que sinon, je ne vois pas prioritaire de quoi, mais bref). Voilà encore une chose qui ne me radoucit pas.
TANT VA LA CRUCHE À L’EAU…
Dix minutes s’écoulent et on finit par être appelés… les premiers. Il y a donc une justice. J’ai un mot sympathique pour la pauvre pharmacienne s’est déjà fait agresser verbalement 10 fois en 10 minutes et qui me dit gentiment : la journée va être longue. L’attente du résultat aussi, mais moins j’espère. En attendant, la pharmacie continue de dégueuler d’enfants et de parents qui espèrent récupérer un droit de mettre leur rejeton à l’école. Pour nous, le verdict tombe 40 minutes plus tard. C’est vert, c’est négatif, c’est bon ! On part vite à l’école. Arrivée sur place, je remercie chaleureusement la maitresse qui prend mon enfant en cours de matinée. Je lui demande confirmation : « On est bien d’accord que si un cas se déclare d’ici jeudi, on n’a pas besoin de refaire de test ? » (En ces temps, une directive du gouvernement qui perdure au-delà de 48h ça pose le doute. Une confirmation d’en haut ne peut être que la bienvenue. ). « Oui, c’est bien cela. Mais de toute façon, pour éviter un nouveau test, il faudrait qu’un nouveau cas se déclare dès demain, car mercredi il n’y a pas école et jeudi, je suis en grève ».
C’est de la faute de personne (encore moins de la pauvre maitresse qui a une classe en gruyère depuis des semaines et qui fait son possible pour nous rendre la tache moins rude) mais franchement, ce genre de phrase, ça agace.
illustration : P. BAGIEU 🙂
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