COURAGE, FUSION !
Ce matin, en me rendant au travail, je suis passée par la place du marché. Pas pour acheter de la salade verte mais par simple curiosité. Juste pour voir « s’ils » seraient là. Pour voir « s’ils » auraient eu les corones de se montrer, au lendemain de cet historique 49.3 et du magistral doigt en l’air qu’ils nous ont fait.
Étonnamment, « ils » n’y étaient pas. Ceux qui hier encore arpentaient ses allées pour donner l’illusion d’une concertation et tentaient de convaincre des bienfaits d’une fusion (qui, ne soyons pas naïfs, ne profitera qu’à leur parti) ont déserté les lieux. Au matin du 9 novembre, chercher un élu sur la place du marché d’Oullins, c’était comme chercher une nectarine sur les étals. Illusoire.
Mais ce doit être à cause de la pluie.
LA FUSION QUI PUE DU FION
Quand on a appris la potentielle fusion entre Oullins et Pierre-Bénite, on a d’abord cru à un poisson d’avril. La seule chose qui nous a fait douter, c’est qu’elle n’a pas été annoncée un 1er avril. Du coup, on a commencé à flipper.
C’est ce cher JNB (comprenez Jean Noël Buffet, maire d’Oullins entre 1997 et 2007) qui aurait fait fuiter la nouvelle. Je crois que ça ne lui plaisait pas trop comme idée, à lui non plus. Il a dû penser qu’en lâchant la bombe, il allait lâcher les lions et que l’histoire serait vite « répondue ». Sauf qu’on est plutôt du genre lionceaux à Oullins, et que les deux qui nous ont fait face sont plutôt du genre « je m’en branle pas mal de ce que vous en pensez ». C’est vrai que ça ne nous regarde pas ces histoires politiques. Et puis ça dépasse notre intelligence bien limitée. Mais dans leur grande bonté, ils ont quand même tenu à prendre le temps de nous expliquer, à nous, pauvres benêts, en quoi cette fusion était l’idée du siècle. Ils ont donc organisé un Facebook live mémorable (qui mériterait franchement de gagner le prix du meilleur bêtisier 2023) et ont exposé l’idée phare de leur programme : « Vous voyez, par exemple, notre tondeuse est tombée en panne à Pierre Bénite. Je vais devoir en acheter une autre, alors qu’à Oullins, il y a des tondeuses qui ne servent pas tous les jours. Ce serait quand même idiot de ne pas mutualiser le matériel de deux communes si proches ! »
Donc là, évidemment, après avoir essuyé notre larme, on a tous voulu se cotiser et passer chez KILOUTOU pour que Pierre-Bénite ait une pelouse tondue et nous la paix, mais ça n’a pas suffit. On a bien essayé de poser des questions pour mieux comprendre, mais étrangement, toutes celles qui dérangeaient n’ont jamais été retenues … moralité, on n’a jamais eu de réponses à des questions sans doute trop débiles pour que les édiles s’y attardent.
TONDEUSE OR NOT TONDEUSE
Cette fusion allait -elle au-delà d’une histoire de tondeuse…? Était-ce Le projet de centre nautique qui la rendait si désirable ? C’est vrai qu’avec notre piscine à faire pâlir celles de l’ex URSS, on tenait un chouette truc. À ceci près que, pour qu’un projet intercommunal dispose de dotations à destination de projets intercommunaux, il faut que le dit projet soit … intercommunal ! Et en fusionnant, devinez quoi ? On n’est plus intercommunal du tout ! Tout laisse donc à penser que feue la piscine même pas sortie de terre. C’est ballot quand même.
J’AI MAL À MA VILLE
Alors hier, alors que le Conseil Municipal se réunissait pour voter cette super fusion, on s’est rendu sur le parvis de la mairie. On était au moins une centaine. La moyenne d’âge avoisinait les 67 ans. On avait même des pancartes (qui disaient « NON NON NON à la Fusion » très très fort !) et puis il y avait des sifflets (qui font du bruit quand ça siffle près des oreilles !). Heureusement qu’il y avait une dizaine de policiers municipaux pour contenir cette foule en délire, parce que ça aurait vraiment pu faire des dégâts !
À 19h, on est entré à pas feutrés dans la mairie. Les policiers ont confisqué les bâtons qui tenaient nos pancartes (on sait jamais, un geste malheureux…). Quand la séance a débuté, c’est vrai, on était un peu agités. Mais c’est vrai aussi que, si on était là, c’était pas pour faire silence quand la maitresse nous le demandait. On imaginait plutôt qu’elle se devait d’entendre qu’on était « pas très contents ». Mais elle a pas voulu entendre. Pour nous punir de ce bruit assourdissant, elle a suspendu la séance. Les gentils CM se sont levés et sont partis. Ils sont revenus 15 minutes plus tard. Même chahut. Rebelote : même punition. C’est là que j’ai lâché les camarades (j’avais la famille à nourrir) mais le combat perdu d’avance a continué. Ils ont attendu qu’on vienne les déloger pour quitter les lieux et laisser place libre aux gens de la haute pour faire leurs petites affaires.
Parce que ceux qui poussent des « hi » et des « ha » quand les écolos de la Métro (que je n’affectionne pas davantage, soyons francs) se mêlent de la circulation de notre grande rue et donc de ce qui ne les regarde pas, ou que Monsieur Buffet annonce dans la presse qu’un référendum aurait été bénéfique avant de se lancer dans un tel projet (il existe donc encore des politiques censés en ce bas monde), ceux-là mêmes, préfèrent faire évacuer la salle du conseil, rejeter le vote à bulletin secret (des fois qu’il y ait des judas dans l’assemblée) et se cacher derrière un bon vieux vote à main levée et à huis-clos pour voter. Sans surprise donc, la fusion a été adoptée.
De lionceaux, nous sommes passés à canards. Finalement, le fait qu’une boucherie Veissière ait pris place juste en face de la mairie, n’est peut-être pas un simple concours de circonstances…
Soyons rassurés : on aura du foie gras à Noël.
photo : David Gossart
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