La magie de Noël
27 décembre. On pourrait enfin se réjouir de passer les 363 prochains jours sans sapin crevé qui trône au milieu du salon, sans menaces du Père Noel qui ne passera pas si tu ne ranges pas ta chambre, sans Tino Rossi qui s’invite à toutes les sauteries, sans guirlandes hideuses qui fleurissent dans les rues et les boutiques, sans 579 cadeaux à acheter, sans virées chez Carrefour pour choper le meilleur foie gras, sans file d’attente chez le boucher pour une dinde à commander, sans déjeuners interminables, sans sujets à soigneusement éviter sous peine de finir brouillés (#GiletsJaunes : merci pour ce moment).
Oui, la logique voudrait que le 25 décembre à minuit, on en ait fini avec les fêtes de Noël, qu’on en reste là jusqu’à l’année suivante. Sauf que chez nous, on joue les prolongations. Pas par plaisir, vous imaginez bien. Plutôt par obligation. C’est le triste sort des famille décomposées/ recomposées : les fêtes de Noël s’étirent aussi lentement qu’un jour sans fin…
ACTE 1 : LES 980 CADEAUX QUE TES GOSSES REÇOIVENT
Toute l’année durant, tu essaies tant bien que mal d’éduquer tes enfants : tu veilles à ne pas les surgâter, tu tentes de leur inculquer les fondamentaux d’une consommation responsable et de leur transmettre la valeur des choses. Mais en un Noël, c’est foutu. Alors imaginez en 5 ! Tous tes efforts sont réduits à néant. Même si tu as briefé tes parents, beaux parents, oncles, tantes, cousins : rien y fait. Pourtant, cette année, tu n’étais pas à cours d’arguments : « les chambres sont déjà pleines à craquer », « ils n’ont même pas encore joué avec les cadeaux de l’année dernière », « il y a eu les anniversaires, il y a peu », tu as même dû user du : « C’est très mauvais pour la planète tous ces jouets ». Bon, bah chacun en a quand même fait qu’à sa tête, et comme d’habitude, les milliers de paquets ont fleuri sous tous les sapins. Le pire, c’est que tu n’as même pas le droit de gueuler, parce que c’est Noël et que c’est la trêve.
ACTE 2 : LES 659 KILOS DE BOUFFE INGURGITÉS
Tu admets volontiers que le Gras c’est la vie, mais, à un moment, quand même faut arrêter. Foie gras, saumon, huitres … tu n’as pas fini l’apéro que tu as déjà les dents du fond qui baignent. Mais comme tu es bien élevée, à table, tu termines toujours les assiettes qui n’en finissent plus de se remplir, tu ne refuses jamais la tranche de foie gras qui va se gaspiller si ce n’est pas toi qui la boulottes, et encore moins le reste de cardon qui ne se déguste qu’une fois dans l’année. Et pendant que tu t’empiffres, les gosses en font tout autant, à la petite table d’à côté. Sauf qu’ils ont bien moins d’entrainement que toi. Et qu’il y a une chance sur deux pour qu’il y en ait au moins un sur les trois qui dégobille tout ce qu’il sait, avant la fin des festivités. À tous les coups, ca va être pour ta pomme ce genre de plan patate. Alors, comme tu assumes parfaitement ton côté rabat-ta joie, entre deux coupettes de champ, tu veilles au grain, parce qu’il ne faudrait pas en plus du reste, que tu passes la journée à essuyer la bouche de ta progéniture qui ne sort plus sa tête de la cuvette des toilettes. Tu la joues discretos néanmoins, histoire que l’on ne s’imagine pas que tu puisses être relou le jour de Noël. Mais, inévitablement, tu te fais capter par les mêmes qui viennent de pourrir tes gosses avec leurs 18 cadeaux par tête de pipe et qui croient bon de leur resservir du coca avec leur gratin dauphinois à la crème fraiche. Et là encore, tu n’as pas le droit de gueuler : c’est toujours la trêve.
ACTE 3 : LES 245 HEURES DE SOMMEIL QUI VONT TE MANQUER
Comme chaque année, pendant les 15 jours qui précèdent Noël, tes enfants sont comme des lions en cage. Excités, survoltés. Des piles. Tu ne peux même pas mettre ça sur le dos de la neige puisque 2018 bat des records de chaleur et qu’il faisait 15 degrés, il y a quelques jours encore. Pourtant, tous les soirs, c’est pareil : chacun fait trainer en longueur pour aller se coucher, tous mettent des lustres à s’endormir et le plus petit te demande inlassablement avant chaque dodo si c’est maintenant que le Père Noël passe… (J’en peux plus !). Les nuits sont donc courtes et pour peu qu’il y en ait un qui fasse des cauchemars ou un autre qui se prenne mal au ventre avant l’heure, au vendredi des vacances, tous tes gosses sont déjà cuits confits… et toi aussi. S’enchainent les veillées de Noël, les journées en famille qui font sauter les siestes, les soirées qui s’éternisent et enfin, clou du pompon, le réveillon du jour de l’an qui vient clore le spectacle et signer ton arrêt de mort : tes gosses sont arrivés à bout de souffle et toi, à bout de nerfs. Mais là, c’est net : fini la trêve des confiseurs, rideau ! Le sommeil, c’est sacré. À minuit trois, une fois les bons vœux échangés, ton naturel va inexorablement reprendre le dessus. Tu vas te mettre à gueuler comme un putois pour que tout le monde aille se coucher illico presto. Une fois tout ce petit monde bordé, tu pourras enfin respirer et savourer les 357 prochains jours à passer…
Illustration : Pénolope Bagieu évidemment <3
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