No pasaran
Comment rester muet face à ce qui s’est passé à Barcelone, à ce qui se passe depuis tant de temps en Europe mais aussi partout ailleurs. Comment ne pas se soulever contre le terrorisme qui sévit en Afrique, la guerre en Syrie, le sort de l’Irak et tant d’autres pays encore ? Comment croire qu’en 2017, un réseau social sait rassembler chaque jour 1,23 milliard d’individus sur son site raflant au passage autant de données personnelles, que la géolocalisation permet à nos chers marketeurs de nous envoyer des publicités ciblées, mais que tous nos services de sécurité réunis ne sont absolument pas en mesure de mettre la main sur ceux qui mènent cette macabre danse ? … Sachant tout cela, comment ne pas se dire que l’on se fout ouvertement de notre gueule ? Comment ne pas déduire que si les intérêts de nos pays étaient moindres avec ces organisations là, cela ferait bien longtemps que l’histoire serait pliée ?
Tout s’explique …
Comme le dirait mon amoureux : « Tant qu’il y aura plus de profits que de pertes, personne dans le monde n’aura intérêt à véritablement bouger ». Nous y voilà. En Europe, l’on dénombre quelques 3 000 personnes tuées dans des actes terroristes depuis 16 ans (soit moins de 190 par an. Bien moins que n’importe quel cancer ou autre accident de la route…). À chaque nouvelle attaque, tous nos politiciens de gauche comme de droite, se mettront bien en avant, crieront leur détermination, leur soutien aux victimes et leur colère face caméra. Tous s’offusqueront. Tous tiendront le discours de nécessaire éradication du mal. Mais aucun ne bougera ou à peine. Suffisamment pour calmer les esprits, tenter de rassurer, occuper le devant de la scène et faire oublier que de toute façon, rien ne changera parce que nous n’avons pas intérêt à le faire.
Que pèse la vie de 3 000 personnes contre les milliards de dollars que cette guerre permet de gagner, notamment grâce à la vente d’armes ? Parce qu’il faut quand même se poser la question : comment et par quel biais, ces terroristes réussissent-ils à disposer d’un arsenal de guerre pour semer la terreur? Qui les alimente ? Qui gagne sa vie sur le dos de ceux qui meurent ? NOUS, chers pays développés consommateurs de pétrole dotés d’une florissante industrie de l’armement, n’en serions-nous pas responsables ?
Couper la tête des organisations terroristes, n’impliquerait-il pas de se heurter à une crise mondiale ? Une crise diplomatique, économique, financière…bref, une crise d’envergure. En a-t-on vraiment besoin ? Ne vaut il pas mieux laisser faire finalement ? Visiblement si… C’est certainement ce qui amène Moscou à ouvrir une enquête au motif de « tentative d’homicide » et non de « terrorisme » suite à l’attaque au couteau perpétrée en Sibérie le 19 août dernier et immédiatement revendiquée par l’EI…
Merci les média
Pour faire passer la pilule de cette stratégie discutable, les média tentent de mettre les formes. Désormais, on choisit les mots. Autant que possible, on évite de parler d’agence de presse quand on évoque Aqmi, préférant le terme bien plus approprié d’organe de propagande. On ne cite plus l’État Islamique au profit de Daech. On essaie de donner moins de légitimité, de pouvoir, de reconnaissance à ces organisations terroristes et à ceux qui les dirigent. Ce n’est que du vocabulaire, mais symboliquement, ça change la tout. En revanche, les média, c’est comme le reste : l’argent est le nerf de la guerre. Qui dit argent, dit besoin d’audience. Et le terrorisme, c’est bon pour l’audience. Ça fait parler. Ça fait flipper. Ça fait regarder les infos en continu. Et c’est ainsi qu’au détour d’une Alerte sur son smartphone, on se retrouve devant les photos de ceux qui ont commis les atrocités de Barcelone. On y voit les doux visages des terroristes sanguinaires à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. Il me semblait qu’il y a peu, l’éthique avait fait place au besoin d’audience. Que la stratégie adoptée était de ne pas mettre en avant ces criminels pour éviter que d’autres malveillants, mal intentionnées, faibles et influençables, puissent percevoir cette médiatisation comme de l’héroïsme et chercher à l’atteindre cette popularité à leur tour… Oui mais voilà, août, c’est quand même le désert médiatiquement parlant… un attentat ça a le mérite de combler les colonnes vides et de parler d’autre chose que du cours du churros sur les plages de la méditerranée ou de la course aux fournitures scolaires dans les supermarchés. Alors tant pis pour les familles de victimes. Tant pis si elles tombent sur les clichés affichant les larges sourires de ceux qui ont lâchement tué leur proche … Tant pis, elles ne sont plus à ça près finalement.
Et si on essayait de changer la donne ?
Si nos média cessaient de donner ce qu’ils veulent à ces organisations ? Si l’on cessait la sur-médiatisation ? Plus on en parle, plus on leur donne d’importance, plus la peur s’installe, plus les tensions montent, plus les fractures se créent, plus la haine s’installe et plus elles atteignent leur but. Il ne faut pas les laisser gagner. On ne peut décemment pas les laisser gagner. Nous sommes en 2017. L’âge de pierre, c’est terminé.
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