LA CHUTE


Dimanche dernier-dernier, comme souvent le dimanche, mon amoureux est parti rouler. Pour ceux qui ne connaissent pas mon amoureux, quand je dis « rouler », je pense « BMX ». Et pour ceux qui ne s’y entendent pas des masses en BMX, disons que cela consiste à prendre un petit vélo et à dévaler une grande pente pour prendre suffisamment de vitesse et sauter les grosses bosses qui jalonnent le terrain. Il va sans dire que : 1/ je ne l’ai jamais suivi dans cette passion (la seule l’idée de faire du Velov me file déjà la nausée). 2/ Je ne suis pas ultra-tranquille quand il part (malgré les 510 recommandations données au préalable pour conjurer le sort). 3/J’accepte, même si j’admets faire de temps en temps, la danse la pluie le samedi soir.

La chute
Ce dimanche matin-là, il ne pleut pas. L’amoureux s’en va rouler mais il part avec le Rat. C’est bête, mais ça me rassure un peu quand il l’emmène avec lui. Je me dis qu’il prend certainement moins de risque quand son fils est là. Note à moi-même : c’est une connerie de penser ainsi. Quelques heures plus tard, le même Rat passe la porte de la maison avec cette phrase choc : « Papa est tombé, mais t’inquiète pas, Maman, il va bien ». J’écoute docilement son conseil et ne m’inquiète pas, jusqu’à ce que j’aperçoive son père en sang … Je pousse des « Hi » et des « Ha », et je comprends que, malgré la douleur évidente, il a bien géré : le Rat n’est pas traumatisé, alors qu’il a dû voir son père se crouter bien comme il faut ! La mauvaise surprise passée, je le laisse s’auto-soigner (parce que je tombe dans les pommes si je m’approche à plus d’un mètre d’une plaie béante).
Le fait est que, malgré le tartinage en règle de biseptine, on finit chez le médecin de garde à Charcot, après que ma belle-mère nous ait fait flipper, entre autres, avec le tétanos (et le non rappel d’un vaccin datant d’avant 1988). L’amoureux ressort avec des cachets codéinés et un joli bandage. S’en suivent une nuit de merde et un réveil douloureux avec l’avant-bras, tout gonflé, tout suintant, tout dégueu. Pas le choix : il nous faut chercher une infirmière qui accepte de venir le soigner toute la semaine (parce que vous avez bien compris que je ne risque pas de m’y coller et que le bandage à une main, c’est pas ultra fastoche).

Le rayon de soleil
On appelle donc la seule infirmière que l’on connaisse : la sœur de notre ancien voisin. Elle, elle doit se mordre les doigts de nous avoir rencontrés parce que dès qu’on a une merdouille, c’est elle qu’on appelle. Faut dire aussi qu’elle est top. Elle est gentille, avenante et rigolote par-dessus le marché. Elle est aussi très jolie, mais bon, ça, on n’est pas vraiment censé le prendre en compte. Bref. On l’appelle. Répondeur. Elle rappelle (elle était au crossfit ce matin) et évidemment, elle trouve une solution pour passer le soir même à la maison (juste avant d’aller danser, nous dit-elle). Infirmière et sur-femme donc apparemment !
Elle déboule à 21H30, toute pimpante dans sa petite robe à pois et ses jolies sandales à talons (c’était le printemps dans le monde de Violaine apparemment). À contrario, chez moi, on était plutôt en mode Hiver en Sibérie : j’en étais à ma 3e tasse de tisane de CBD, j’avais les yeux sous les genoux et si j’étais encore en jean à cette heure, c’était uniquement parce que je savais qu’elle arrivait et que je ne me sentais pas de l’accueillir en pilou-pilou (j’ai un minimum d’égo quand même !).
Violaine passe la porte de toute son énergie, nous fait la bise, échange quelques politesses avant de ramasser ses longs et beaux cheveux roux en queue de cheval haute et de passer à l’action. Elle demande à mon amoureux de s’asseoir (« Parce que si tu tournes de l’œil, j’aime autant que ce soit en position assise, sinon, ça risque de bousiller ma soirée danse »). Évidemment, l’amoureux refuse, mais ouf, il ne tourne pas de l’œil. Elle le soigne et nous demande si l’on connait un coupeur de feu. C’est là qu’elle a perdu mon amoureux… Parce que 1/ il ne sait même pas que ça existe. 2/ faire appel à quelqu’un capable de calmer la douleur par téléphone, ça le dépasse com-plè-te-ment.
Je la laisse continuer de vanter les miracles réalisés par ces gens et attends patiemment qu’elle termine le soin pour lui poser enfin mes questions (qui n’ont absolument rien à voir avec un quelconque coupeur de feu ou la meilleure technique pour bander correctement un bras sans faire garrot). À ce stade, moi ce qui me turlupine, c’est de savoir où elle va danser, comme ça, toute seule, un lundi soir. Apparemment, ce n’est pas une question qu’on lui pose souvent et vu son air étonné, c’est aussi une question un peu con-con. « Au Ninkasi, pardi! ». Comme je reste de marbre, elle poursuit : « Les lundis du Ninkasi, tu ne connais pas ? Ça existe depuis 1 000 ans pourtant ! ». En sous-jacent, je comprends qu’elle insinue que je suis vieille depuis 1 000 ans. À ma décharge, les danses latino, ça n’a jamais été mon truc. D’ailleurs, le trémoussage tout court ne l’a jamais été. Sortie de mes 3 années de moderne-jazz à la MJC de Chaponost entre 1989 et 1992 et de mon célèbre « quart d’heure du n’importe quoi » (qui, soit dit en passant a eu son petit succès du temps où je fréquentais les dancings), la danse, c’est pas vraiment mon sport de prédilection. Donc non : les lundis du Ninkasi, elle dit qu’elle connait pas !
Violaine adorerait à faire causette, mais là, elle n’a pas le temps de s’épancher davantage sur le sujet : la boite ferme à 1h du matin, donc ça serait bien qu’elle file danser … C’est marrant, parce que je regarde l’heure au moment où elle dit ça, et moi la seule chose à laquelle je pense en voyant le 22h45 s’afficher sur l’horloge du four, c’est le nombre d’heures de sommeil qui va d’ores et déjà me manquer.
Elle n’a donc pas encore passé le portail que je me glisse dans mon pilou-pilou. Je me couche en l’imaginant rayonnante dans sa voiture rouge et me dis qu’on n’a pas tous la même vie… ni la même énergie… ni le même besoin de sommeil.

Parce qu’il y en une explication à tout.
Le surlendemain soir, Violaine repasse. Comme ça fait 2 jours que je tourne en boucle cette histoire de crossfit le matin et de danse latino jusqu’à point d’heure le soir, je finis par lui demander comment elle fait. « Ah mais attends ! Je ne bosse que 16h par semaine et je fais la sieste tous les jours ».
Alors, ça aurait pu me rassurer mais, comme je sais aussi le rythme effréné qu’elle a par ailleurs avec ses 2 fils à trimballer à droite à gauche pour les entrainements, les matchs, les tournois et le reste, ces 16h n’allègent finalement que très légèrement ma peine.
J’imagine que maintenant, vous brûlez d’envie de connaitre cette Violaine (dont je n’ai même pas pris le soin de modifier le prénom pour l’histoire) mais vous n’obtiendrez rien de moi (sauf à ce que vous soyez vraiment-vraiment mal en point et que vous n’habitiez pas trop loin d’Oullins)

Claudine

Dem facerum ipit lacil ius millict orerum aspitas conet excerspient odi quae exceperibus moles dicipiciam aut hitat !

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