Money, Money, Money

Money, Money, Money


L’argent ne fait pas le bonheur. Plaie d’argent n’est pas mortelle. Vivre d’amour et d’eau fraiche… BLABLABLA ! On a des tas d’adages comme ceux-ci. Même si ce n’est pas complètement faux, je ne mettrais pour autant pas ma main à couper que l’argent fasse forcément le malheur. La plaie d’argent, quant à elle, reste quand même sacrément handicapante en ce bas monde, et l’eau, toute fraîche soit-elle, serait bien en peine de nourrir son homme et ses gosses! Si les maximes et autres proverbes étaient tout à fait honnêtes, il y en a au moins un qui mentionnerait que malgré tout, l’argent, c’est comme la santé : vaut mieux en avoir que pas.

 

MADAME EST SERVIE
Depuis toute petite c’est un sujet qui m’angoisse. Allez savoir pourquoi car, sans être issue de l’aristocratie ni même de la petite bourgeoisie, je ne viens pas non plus d’un milieu défavorisé, loin de là. Pour autant, je me souviens parfaitement du jour où mes parents ont soulevé la question de refaire ou non leur cuisine. Le propos méritait visiblement qu’ils s’y attardent car le projet nécessitait un certain investissement. Pour faciliter leur décision, je m’en suis allée voir mon père pour lui annoncer solennellement que je pouvais mettre ma pierre à l’édifice en lui prêtant les 500 francs qui fructifiaient fièrement sur mon Livret A, afin qu’ils puissent s’acheter librement les placards de leurs rêves (oui, visiblement, c’était le poste qui faisait débat à l’époque). Je crois qu’en m’entendant, mon père m’a regardé comme deux ronds de flan, puis il a ri et pris mon visage entre ses deux mains pour me déposer un énorme baiser sur la joue. Il n’a jamais voulu de mes 500 francs mais on a quand même refait la cuisine. J’avais 8 ans.

 

URGENCES
Dans le même registre, je me souviens de ma mine déconfite quand la caissière du Record (le Carrefour de l’époque), annonçait que le caddie que nous venions de remplir contenait pour 900 francs de commissions et autres victuailles … Il suffisait que je me sois fait offrir un livre, un cahier à spirales Chipie ou que j’aie craqué pour 100ml de Garçonne d’Eau Jeune, pour que je me sente vaciller. Je me faisais alors toute petite, souffrais en silence et imaginais le pire, pendant que Papa sortait sa carte bleue en effectuant immanquablement le rictus dont je moquerai tant plus tard. J’avais 10 ans.

 

FRIENDS
Le temps a passé. Mes craintes ne se sont pas dissipées, surtout lorsque l’adolescence m’a fait découvrir les joies du téléphone (fixe à l’époque, il va sans dire ! Mais, petite révolution des années 90, nous disposions quand même d’un sans fil !). C’est donc tremblante que, chaque mois, je guettais l’arrivée du facteur déposant dans notre boite aux lettres, l’enveloppe décorée du logo de France Télécom contenant la maudite facture que je participais activement à faire grimper. Le jour où la note s’est élevée à 1 000 francs et que pour l’une des premières fois Papa s’est mis en colère, j’ai cru que mon cœur allait lâcher. Je nous ai vu ruinés et à deux doigts de devoir mettre l’appartement en vente! On n’a finalement pas vendu la baraque, mais France Télecom, qui devait souvent faire face à ce type de situation, a eu la bonne idée de proposer à ses clients des factures avec le détail des appels émis (heure et durée, s’il vous plait) et de proposer une espèce de ligne restreinte qui empêcha ensuite tout dépassement exagéré. N’en reste pas moins que quelques numéros commençant à l’époque par « 78 59 » revenaient aussi mystérieusement que systématiquement, tous les jours, après l’école. Les concernées de Chatelain se reconnaitront sans peine … Et pour cause, elles ont elle aussi subi les conséquences de la tristement célèbre ligne restreinte ! Ouf que les portables et les forfaits illimités d’aujourd’hui ont mis fin à toute cette angoisse! Je ne m’amuse pour autant pas à faire la conversion des euros vers le franc pour connaître le coût de revient de mes appels, sous peine de ne pas m’en relever.

 

CHERCHE MAISON OU APPARTEMENT
36 ans bientôt. Me voilà désormais adulte. Mais la pression ne redescend pas. Depuis 3 ans, et après 10 années de bons et loyaux services en tant que salariée presque modèle, je suis à mon compte. Ce que je viens d’avouer vous laisse envisager l’état de stress dans lequel la situation réussit à me mettre de temps à autres! Quand mon amoureux et moi sommes full de boulot, je ne rêve que du moment ou les choses vont enfin se calmer et que nous allons pouvoir souffler. Et, quand enfin elles se calment et que nous soufflons, pour peu que nous soufflions un peu trop, ça devient l’affolement général. C’est souvent à ce moment-là que je me mets en quête de vide-grenier, que le contenu de mes placards se retrouve sur le bon coin et que je surveille de près l’état des dépenses familiales. Oui, parce qu’évidemment, mon amoureux, pourtant bien plus serein sur le sujet que moi, subit largement ces intenses moments de stress. On n’est peut être pas marié, mais la règle reste la même : pour le meilleur et pour le pire. Et pour vous donner le niveau d’anxiété du moment, je vous dirais que si, par le plus grand des hasards, quelqu’un cherchait un sac Darel, une combinaison Maje ou autre portefeuille Longchamp, je ne pourrais que lui conseiller de se rendre sur Vinted… Et si vous patientez encore un peu, il y a fort à parier qu’une une maison de rêves à Oullins arrive bientôt sur le marché !

 

 

Illustration: toujours la talentueuse Péneloppe Bagieu !

Claudine

Dem facerum ipit lacil ius millict orerum aspitas conet excerspient odi quae exceperibus moles dicipiciam aut hitat !

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Coups de cœur, coups de gueule, coups de chapeau, coups de mou, coups durs, coups de pouce … Ici, je parle de tout et de rien. De ce ce que j’aime, de ce que j’exècre, de ce qui me touche. De ma famille, de mon boulot, de mes états d’âme. Des livres que j’ai lus, de ceux que je ne lirai pas. Des voyages que je ferai, de ceux dont je rêverai. Et de tout le reste! Ici, c’est un joyeux bordel. Pas de ligne éditoriale. Pas de consigne. Seuls comptent le plaisir et la liberté d’écrire.

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