Le vide-grenier

Le vide-grenier


Avec le mois de mai, on en voit fleurir de partout, dans les petits patelins perdus dans la cambrousse, comme dans les plus chics arrondissements urbains.
Le vide-grenier. C’est tout un poème, tout un rituel. Chez moi, c’est un rituel à 4 temps… sinon c’est nettement moins marrant.

Étape N°1 : les préparatifs
Un vide grenier, ça se mérite. Ainsi, il aura fallu se battre pour faire essayer toute la garde robe aux enfants et éviter ainsi de sur-brader un tshirt qui passerait encore cette année ou cette robe qui dort depuis toujours dans le placard et porte encore l’étiquette avec le prix, mais qui n’était finalement plus assez jolie, trop courte, trop rose, ou trop épaisse, une fois les portes du magasin passées.

Il aura aussi fallu gruger pour mettre subtilement dans un carton, le bateau de pirate Playmobil qui prend une place folle dans le placard et qu’aucun ne veut voir partir, alors que personne ne joue plus jamais avec.

Il aura fallu faire des choix parce qu’on y est habitué à ces jouets qui jonchent le sol, qui font du bruit, qu’on traine comme des grigris au fil des ans. Et puis, on se dit que peut-être que cette année encore, notre petit dernier pourrait encore jouer avec.

Enfin, il aura fallu mettre tous ces trésors dans des cartons et dans de grands sacs. Puis, il aura fallu aller au garage (pour trouver les tréteaux, le plateau) vider la voiture des ses sièges auto (et trucs en tout genre) la charger de nouveau (de nos cartons et nos grands sacs), croiser les doigts pour que tout rentre, et connaître la première victoire en réussissant à fermer le coffre achi-bourré.

Étape N°2 : le départ et l’installation
Ce dimanche, pour la 2e année consécutive, je me lève à l’aube pour rejoindre une ville de la banlieue lyonnaise dont je tairai le nom, mais qui n’a rien d’une destination de rêves. Je retrouve mon frère, parce quitte à galérer, autant que ce soit en famille. Ce même frère a entrainé un couple d’amis. Plus on est de fous, moins en s’ennuie. Tant mieux parce que même avec toute la bonne volonté du monde, on le sait : la journée va être longue. Une chance déjà : il ne pleut pas.

Nous arrivons donc sur place. Il est 5H50 et une file de voitures patiente gentiment. Chacune attend le papier magique qui donne droit d’entrer sur le parking, se garer, déballer et enfin, faire fortune.

Une heure plus tard, tout est opérationnel ou presque. Il est moins de 7h. Les clients se font rares, mais il y en a quand même qui circulent. Ils regardent, s’arrêtent longuement, défont toutes les piles que tu viens de faire (et là, tu te sens vraiment dans la peau d’un vendeur de chez Zara) et repartent sans avoir dit un mot…
Bon à savoir : dans un vide grenier, on ne perd pas de temps avec les politesses, on ne parle pas pour rien, on ne dit pas bonjour. Toutes les conversations commencent par : « C’est combien ? ».

Étape N°3 : la vente
Les minutes et les heures passent. Il est 9h30. J’ai englouti mon paquet de Dinosaurus, bu mon thermos de Ricoré, et failli sauter à la gorge de plusieurs acquéreurs pour qui gratuit serait encore trop cher.

Je repense notamment à ce cher monsieur, qui a jeté son dévolu sur mon fameux bateau Playmobil (mise à prix : 3 euros… allez voir par curiosité combien il est vendu dans le commerce). Il l’a passé en revue pendant 30 longues minutes, a sur-négocié le prix parce qu’il n’y avait pas de personnages et que la voile (en papier) était un peu abîmée. De guerre lasse et pour éviter de trop m’énerver de si bon matin, je l’ai laissé partir avec mon bateau pour 1,50 euros… Je suis à peu près certaine qu’il le revendra 10 au prochain vide grenier, mais soit…
Tout ça pour dire qu’à 10h, je n’avais toujours pas rembourser mes 12 euros de frais d’inscription à ce satané vide grenier et que ça commençait à me chauffer sérieusement !

Du coup, j’ai bradé des produits déjà sur-bradés ! J’ai anticipé et j’ai bien fait, parce que faire tout ça pour devoir au final tout remballer, tout remettre dans ta voiture et re-déballer chez soi… merci, mais non merci !

Néanmoins, observer tous ces gens tourner autour des Stan Smith taille 23 de mon fils, voir leurs gros yeux s’arrondir à l’annonce du prix (3 euros, excusez du peu) et leurs mains reposer lesdites Stan Smith avec dédain… ça m’a épuisée trop rapidement ! Donc à 8h, elles sont passées à 2 euros et parties à 1euro à… 16H…

Bon a savoir bis : une paire de pompes achetée neuve 50 euros, portées 3 mois par un enfant de 2 ans, réussit à perdre 99% de sa valeur … la magie du vide-grenier. Et puis, à côté de ça, tu réussis à refourguer une baignoire d’enfant pliante à prix d’or (4 euros) qui pour le coup a largement servi et que tu n’as pas payé cher. C’est à n’y rien comprendre.

Les minutes s’égrainent. Le temps passe aussi doucement que le porte-monnaie se remplit. Mais petite victoire, les cartons se vident petit à petit. Au prix où tu vends, tes espoirs de richesses s’amenuisent minute après minute. Arrive midi. Tu es évidemment placée là où le vent entraine gentiment toute la fumée du barbecue. Donc non seulement tu rentreras épuisée et sans fortune mais tu rentreras aussi en sentant la merguez à plein nez. Formidable. N’en jetez plus la coupe est pleine.

À ceux qui ne connaissent pas la vie du vide grenier : midi, c’est un peu l’heure à laquelle les exposants qui vendent tout leur bazar se promènent sur les stands des autres. Non pas pour épier la concurrence et voir ce qui marche ou non, mais pour acheter! Ça, j’avoue que je ne COMPRENDS pas : tu te galères tout ce que tu peux à vider ta maison, tu sues sang et eau pour gagner 3 sous, et bim… tu trouves super de ramener chez toi toutes les merdouilles des autres. Alors d’accord.

Pour ma part, je me suis épargnée cet exercice. J’ai avalé mon jambon beurre, mes chips et ma pomme-pote. J’ai aussi profité de cette pause, pour faire pipi dans les buissons (au vu et au su de tous, parce que dans ce genre d’endroit, tu peux vider ton grenier, mais pas ta vessie). Et j’ai attendu que ça passe. Ça a bien fini par passer… Bientôt 17h30 l’heure du remballage. Délivrance pensais-je …

Étape N°4 : le coup de la panne.
Alors c’est vrai, qu’au fil du temps dans la journée, je trouvais bizarre que ma voiture fasse des bip-bip à chaque fois que je l’ouvrais… mais je n’y avais pas trop fait attention.
Jusqu’au moment de remballer. Forcément, quand tu appuies sur ta clé pour ouvrir ton coffre, que ledit coffre ne s’ouvre pas, que tu essaies de démarrer ta voiture sans succès… tu te dis que la journée de merde n’est pas finie… Là, naïve que tu es, tu te dis aussi : heureusement que mon frère et son pote sont là. Des hommes ça doit pouvoir faire redémarrer une voiture (enfin plus le pote que mon frère d’ailleurs, mais bon…). On cherche la batterie, on cherche des pinces, on appelle tous les mécanos du dimanche qu’on connaît de près ou de loin pour savoir comment faire repartir une voiture (hybride de surcroit) dont la batterie est à plat. On se dit qu’on va pousser et que ca va démarrer (on apprendra ensuite que ce n’était pas vraiment une riche idée, pas plus que de chercher à faire redémarrer la batterie avec des pince sous peine de rester scotcher au bazar …).
Et puis de guerre lasse à nouveau, on en arrive à l’ultime solution : appeler le dépanneur. Le parking se vide de ses exposants et retrouve ses squatteurs habituels. Toi et ton frère avez empilé tout ce qui reste du vide grenier, à côté de la voiture et attendez gentiment sur vos chaises pliantes la venue du dépanneur qui mettra une heure à arriver.
Du temps, tu comptes tes petits sous, puis, tu déduis le coût de l’inscription et tu ne sais pas trop si tu dois rire ou pleurer. Le dépanneur arrive. Tu le prends pour David Hasseloff dans Alerte à Malibu. Il conduit une grosse voiture jaune en plus ! En deux coups de cuillères à pot, il te fait redémarrer ta voiture. Tu lui racontes tout ce que tu as fait pour ne pas avoir à faire appel à ses services (les pinces, pousser la voiture…). Il ricane. Tu es une fille, tu as le droit de passer pour la blonde en mécanique, c’est pas gênant. Ton frère est à côté, mais lui se tait ! Et puis ton sauveur voit le parc pour enfants que tu avais prévu de vendre 5 euros mais qui sera finalement resté sur le carreau (plusieurs acheteurs auront quand même voulu m’acheter la moitié des barrières… j’avoue ne pas avoir encore compris le but de la manœuvre …). Bref, dans un élan de générosité et pour le remercier de ne pas t’avoir obligée à passer une minute de plus sur ce maudit parking, tu lui donnes de bon cœur. Tu le fais d’autant plus volontiers que ta voiture est encore sous garantie et que son déplacement est totalement pris en charge…
Tu repars et tu retraverses la ville. A 20h enfin, tu arrives chez toi. Tu décharges. Ton amoureux a eu la bonne idée de te faire une bonne salade de pâtes. Tu menaces de t’endormir le nez dans ton assiette mais tu apprécies le geste. Et une fois dans ton lit, tu te refais le film de la journée, tu te dis que ce n’était pas une journée si terrible au final et que l’année prochaine, peut être tu retenteras l’expérience …

Claudine

Dem facerum ipit lacil ius millict orerum aspitas conet excerspient odi quae exceperibus moles dicipiciam aut hitat !

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Un commentaire

  • Annie Marquetti
    09/07/2017 at 15:53

    Bilan, à ne pas refaire, penses à emmaus ou autre , c’est plus gratifiant. Tu as essayé, tu as galère, tu n’as rien gagné. Tant pis

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