Quand Brigitte rencontre Pénélope
J’ai compris il y a peu qu’un bon concert, c’est comme un bon livre. Il faut attendre de l’avoir digéré pour pouvoir en parler justement, sans tomber dans l’extase et l’engouement de l’instant. Il m’a donc fallu quelques jours pour pouvoir évoquer le concert de Brigitte, illustré par (love) Pénélope Bagieu. Mon niveau de culture en musique comme en BD, frôle les 0. La seule illustratrice que je connaisse et que j’adore c’est Pénélope Bagieu. Son humour et son coup de crayon illustrent tous les articles de mon blog. Cette fille, elle me parle. Et quand elle se produit avec Brigitte, le résultat est sublime.
LA PROPOSITION
L’histoire de cet article, commence avec le SMS de l’une de mes amies : « Ça te dit qu’on aille voir Brigitte en concert au parc des oiseaux le 12 juillet prochain ? ». Aïe ! Que répondre à question? Brigitte, oui, pourquoi pas, j’aime bien ce qu’elles font même si, au moment je reçois le message, je ne connais qu’un seul de leur album. Le truc quand même, c’est que je redoute les bêtes à plumes et, sur l’instant, l’idée de faire 80 km pour rejoindre Villars-les -Dombes et voir un concert coincée sous une volière, ça ne m’enchante pas des masses. Ajoutez à cela que mon dernier concert date d’il y a 8 ans et que de ne pas en avoir vu depuis, ne m’a pas franchement manqué. Je ne sais même pas comment il faut s’habiller pour aller à un concert ! Je me retrouve donc bien embêtée pour répondre ce SMS. D’autant que c’est la 2e fois que cette amie me propose d’aller voir ses Brigitte. Elle a l’air d’y tenir. Je ne sais pas quoi répondre car, comme toujours, mon cœur balance. J’use donc de ma célèbre technique de l’autruche qui consiste à éluder la question pour mieux y réfléchir, posément.
LA RÉFLEXION
Quelques temps plus tard, alors que je commençais à m’auto-convaincre et a tâcher de rattraper mon retard musical en écoutant en boucle Nues et Et vous, tu m’aimes ?, la même amie me dit : « Le parc des oiseaux est complet. Par contre, Brigitte passe au Transbordeur. C’est un concert illustré par Pénélope Bagieu. Tu veux ? »
Là, comme dirait l’autre : j’ai dit Banco. Faire sortir du bois Pénélope Bagieu pour me convaincre, c’était malin de sa part! Ça m’a donné le goût de l’effort et l’envie de sortir de ma tanière.
L’APRÈS ACCEPTATION
Le temps des groupies pour moi, c’est fini (sauf pour Guillaume Canet, mais ça c’est une autre histoire !). De toute ma vie, je n’ai assisté qu’à une dizaine de concerts dont la moitié de Raphaël, à ma folle époque. Lui, il m’a fait me déplacer jusqu’à Lausanne (oui, en Suisse). Il a beau ne pas toujours chanter bien juste, Raphaël, c’est Raphaël : j’adore ! 15 ans après, Caravane me donne toujours la chair de poule. J’ai beau lutté contre, je n’y arrive pas, c’est comme ça, je n’y peux rien, je dois l’accepter, les autres aussi du coup.
J’ai aussi vu Ben Harper trois fois à Lyon, à l’âge auquel je faisais semblant de fumer des joints, M à Genève, et le dernier en date était Yodélice à Fourvière. C’était en juillet 2011 je crois. J’y étais allée avec une amie (celle à qui je dois les 4 mois de sport intensifs de ces derniers temps). Je crois que l’une de nos motivations de l’époque était aussi de nous rincer l’œil. Pour ma défense, j’écoutais aussi son album en boucle toute la sainte journée. Ceci étant, bien qu’ayant passé un très chouette moment dans un cadre magique, après le spectacle du beau Maxime Nucci, plus rien pendant 8 ans. Pourquoi ? Parce que les concerts, j’ai beau bien aimé quand j’y suis, je ne sais jamais pourquoi j’y vais. Ça ne me fait pas vraiment vibrer, vous l’aurez compris.
LE D-DAY
Me voilà donc le 3 juin, perdue au Transbordeur au milieu des 57 869 autres nanas visiblement bien plus habituées que moi à ce genre de petite sauterie. Le départ est un peu chaotique. Pas question d’attaquer le concert le ventre vide et la gorge sèche. Seulement, la file devant food truck fait les mêmes serpentins que celle de Space Mountain à Disney. Celle pour aller récupérer les bières n’est pas plus engageante. Alors on se répartit les tâches. Quand ma copine chargée des vivres se retrouve enfin face au monsieur qui sert à manger depuis son camion, ce dernier ne trouve rien de mieux à lui dire qu’il n’a plus rien. Pas une barquette de frites, pas un dernier sandwich à partager : RIEN, RIDEAU ! Ouf que côté bière, ils ont vu plus large. Le breuvage devra donc aussi faire office de nourriture. Quand on connaît mon penchant pour la bouffe et mon humeur massacrante lorsque j’ai la dalle, on imagine facilement que la soirée n’était pas des mieux engagées. J’ai fait bonne figure malgré ma famine et nous nous sommes rendues dans la salle. Là, je pense que petit Jésus a eu tellement de peine pour mon ventre vide, qu’il s’est dit qu’il fallait vraiment qu’il fasse un geste pour nous. Ainsi, au moment où nous nous engagions dans les gradins, un petit monsieur a ôté les rubalises qui encerclaient une petite dizaine de rangées de chaises posées là tout près, dans la fosse. A la question : « Pouvons nous prendre place ici ?» le petit monsieur a répondu un « oui » qui nous a laissées comme deux ronds de flan. Voilà comment nous nous sommes retrouvées installées en VIP (ou presque), à quelques mètres seulement des chanteuses, de la pianiste et de Pénelope. On n’avait rien a mangé mais on était assises et hyper bien placées. Moralité : dieu existe et il y a bel et bien une justice en ce bas monde.
ET C’EST PARTI POUR LE SHOW
(QUAND JE VOUS DIS QUE MA CULTURE MUSICALE EST DÉFAILLANTE…)
Le concert a commencé peu de temps après. Brigitte a attaqué son spectacle en arrivant par la fosse, passant ainsi tout à côté de nous. Je peux vous certifier que même de près, elles sont sacrément canons. Pourtant, il faut la porter la robe à paillettes ultra moulante fendue jusqu’au haut des cuisses. C’est périlleux comme tenue, surtout passés 40 ans ! Bah là : même pas mal.
S’en sont suivies 1h30 de show en piano-voix essentiellement. C’était émouvant, intimiste, convivial. On se serait cru à la maison, dans le salon. Moi qui croyais que j’allais devoir éviter les pogos…
Quand j’écoute Brigitte, je cherche toujours à entendre la voix de la discrète Sylvie Hoareau car c’est celle que l’on distingue le moins. Pas simple comme exercice, même en ayant l’artiste sous les yeux. On sait que c’est la combinaison des deux voix qui fait tout le charme du duo, mais celle d’Aurélie Saada prend tellement le dessus qu’il est difficile de rester concentrée sur l’objectif. Au bout d’un moment, j’ai laissé tomber. J’étais de toute façon subjuguée par leur performance à deux.
Pour rajouter du remarquable à cet instant génial, chaque chanson était illustrée en live par Penélope. Ses coups de crayons tombaient dans un timing parfait, révélant à la dernière seconde un détail qui transformait le tableau et lui donnait tout son sens. De temps en temps, je la regardais. Elle chantonnait en même temps qu’elle dessinait. Elle a du se les écouter un paquet de fois toutes ces chansons pour adapter son tempo à celui des chanteuses. Touchantes et pleine d’humour, ces illustration étaient immanquablement réussies. J’aurais pu me jeter sur la scène, en chiper un et me barrer en courant. Au lieu de ça, j’ai pris des photos, j’ai vibré, j’ai kiffé…
L’APRÈS CONCERT
Pleine d’enthousiasme, en rentrant, je me suis dit qu’il fallait battre le fer pendant qu’il était encore chaud et que la chance me sourirait peut-être encore. Alors, naïvement, j’ai tapé sur Google « M nuits de Fourvière » en croisant les doigts. À quelques jours de la représentation il y avait quand même bien peu de chances pour qu’il reste des places alors que toutes les préventes s’étaient arrachées en dix minutes à peine. Le miracle ne s’est évidemment pas produit. Pas de regret : j’aurai essayé. Prochain concert prévu donc dans 8 ans.
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